Immigration
Philippe Fontana : « L’important, c’est d’examiner la demande d’asile en dehors des frontières de l’Union européenne »
Philippe Fontana, avocat et spécialiste du droit d’asile, était ce matin invité dans la matinale de Garen. Dans la séquence, on débunke dans le bunker, l’avocat a évoqué les questions d’immigration ainsi que celles du droit d’asile.
Garen : Certaines personnes à gauche considèrent que le droit d’asile est un « trésor national », qu’en pensez-vous ?
Philippe Fontana : Lorsque la gauche voit l’oppression sociétale contre l’immigration, ils décident de créer un délit d’entrave. C’est leur marque de fabrique. Ils ont compris que le dévoiement du droit d’asile est la quintessence de l’immigrationnisme. Je m’explique : l’asile, c’est l’expression même de l’honneur d’une démocratie. Dans le Préambule de la Constitution de 1946, la France s’honore de donner l’asile aux combattants de la liberté. Évidement, il y a une différence entre les combattants de la liberté de ce protocole et les Afghans que nous recevons.
La preuve en est, lorsque le Monde ou l’Opinion me décrivent, ils disent que je suis un pourfendeur du droit d’asile. Ce n’est pas vrai, je suis un pourfendeur du dévoiement du droit d’asile ! Je me dois de rappeler des chiffres, en 2023 il y a presque 1,2 million de demandeurs de droit d’asile qui sont arrivés dans l’Union européenne. 145 000 pour la France, 130 000 pour l’Italie, 160 000 pour l’Espagne et 330 000 pour l’Allemagne.
Ces gens-là sont des faux demandeurs d’asile, ils ont bien compris la faille juridique qui leur permet de venir en Europe et de s’y établir. La première faille, c’est lorsqu’ils arrivent en Europe, le droit de l’Union européenne exige qu’on les accueille, qu’on examine leur demande, et ensuite, si ce sont des faux demandeurs d’asile, ceux qui ne sont pas persécutés pour des raisons politiques ou sociétales, ils doivent être renvoyés chez eux.
Or, dans l’Union européenne, il n’y a que 20 % de renvois effectifs, pour la France, la Cour des comptes écrit qu’il n’y a que 2 % des déboutés du droit d’asile qui sont renvoyés. C’est ce dévoiement du droit d’asile qui inquiète le pouvoir ainsi que les associations.
Quel est l’avenir du droit d’asile en France, doit-on s’attendre à de plus en plus de laxisme ?
Les gouvernements des états de l’Union européenne se rendent compte qu’il y a un vrai problème à résoudre. Lorsqu’on regarde ce qu’a fait madame Meloni depuis un an, la conséquence est simple, il y a moins 40 % de demandeurs d’asile en Italie. C’est une femme qui est ingénieuse d’un point de vue juridique, elle a mis en place une collaboration avec l’Albanie. Il y aura toujours l’examen de la demande d’asile, mais il sera connecté en Albanie, l’important, c’est d’examiner la demande d’asile en dehors des frontières de l’Union européenne. De cette manière, nous pouvons être réalistes en matière de fermeté.
Dans l’absolu, il ne faut qu’aucun faux demandeur d’asile vienne en Europe, puisque les femmes afghanes qui viennent en France, à terme, auront le droit au regroupement familial. Ce droit, pour un demandeur d’asile ou pour un réfugié, est encore plus facile que pour le migrant économique qui vient dans notre pays. Il n’y a aucune surveillance sur le nombre de mètres carré, sur la manière dont la famille est intégrée. C’est donc une obligation pour les gouvernements de l’Union européenne d’avoir une volonté de trouver une solution juridique.
La matinale de Garen à retrouver sur ce lien : la matinale de Garen du 18 octobre
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