Mickaëlle Paty porte plainte pour apologie du terrorisme contre des propos qui salissent la mémoire de son frère

Ces déclarations interviennent en plein procès de l’attentat qui a coûté la vie à l’enseignant en octobre 2020. Contrairement à ce que prétend La France Insoumise, le délit d’apologie du terrorisme ne sert pas qu’à poursuivre des élus de leur parti ou des représentants syndicaux ; il trouve ici tout son sens face à de telles déclarations.

Ce procès, ouvert le 4 novembre, est lui-même marqué par des déclarations qui alimentent la polémique. Le même jour que les propos de Pierre Jacquel, Abdelhakim Seftioui, l’un des accusés, a déclaré devant la Cour : « Si Samuel Paty s’était excusé, il ne serait pas mort. » Des mots qui ont choqué l’audience et ajoutés l’indignation à la colère autour de ce procès.

Des propos qui minimisent les actes terroristes

Le 3 décembre, Pierre Jacquel a réagi sur X à un post d’un journaliste de Marianne à propos du procès en cours devant la cour d’assises spéciale de Paris. Il déclarait : « Sans islamophobie, ce drame ne serait jamais arrivé. Paty était probablement un islamophobe laïc, mais si un musulman le dit, on parlerait d’apologie du terrorisme. Le père de famille musulman fait le coupable idéal, et ce procès va encore alimenter l’islamophobie. »

Ces propos, jugés choquants, ont rapidement suscité des réactions, à commencer par celle de Mickaëlle Paty, sœur de l’enseignant sauvagement assassiné. Bien que le doctorant de la Sorbonne ait depuis supprimé son compte X, pour elle, cela ne suffit pas. « Il est temps que ces discours cessent, car ils alimentent la haine et minimisent la gravité des actes terroristes », affirme-t-elle, exprimant sa volonté de ne pas laisser ces déclarations impunies.

Une plainte pour apologie du terrorisme

Pour la représentante de la mémoire de Samuel Paty, ces déclarations ne se limitent pas à une simple opinion polémique : elles justifient indirectement l’assassinat de son frère en le présentant comme un « islamophobe qui aurait cherché ce qui lui est arrivé ». Dans un communiqué, son avocate, Carine Chaix, a dénoncé une tentative de déplacer la responsabilité de l’attentat sur les victimes pour mieux alimenter un discours de haine envers ceux qui défendent la laïcité.

Je dépose plainte pour apologie du terrorisme au nom de Mickaelle Paty et l’association Défense des Serviteurs de la République à la suite des propos haineux expliquant l’attentat contre Samuel hashtag#Paty par sa seule prétendue islamophobie. Cette haine qui arme idéologiquement… pic.twitter.com/CWtUcTst2T

— Carine Chaix (@CHAIXCARINE) December 5, 2024

« Ce message est d’autant plus grave qu’il le confirme dans ceux postés immédiatement après, pour affirmer que le vrai problème, ce n’est pas l’islamisme à l’origine du terrorisme, mais bien l’islamophobie qui serait la seule racine du terrorisme », déclare Maître Carine Chaix.

Elle poursuit : « Si cet individu ne va pas jusqu’à glorifier explicitement l’acte terroriste, il tend à le justifier en lui donnant comme seule source l’islamophobie prétendue de Samuel Paty, des profs “laïcs” et plus généralement de notre société. Il ose ainsi affirmer que c’est “l’islamophobie de la société et de nombreux profs laïcs qui sont la racine du terrorisme”. »

Pour elle, « il s’agit là des discours habituellement tenus par les plus intégristes des islamistes, qui participent à la menace terroriste dans notre pays et au climat de peur qui règne à l’école ».

Apologie du terrorisme sous couvert d’analyse

Certains discours, sous couvert d’analyse, flirtent dangereusement avec la justification de l’injustifiable. Alors que le procès de l’attentat se poursuit, cette plainte met en lumière une vérité ironique : ceux qui dénoncent l’islamophobie comme « racine du terrorisme » finissent souvent par trouver des excuses aux terroristes eux-mêmes. Un dérapage qui n’aura pas échappé à Mickaëlle Paty. Pour elle, il ne s’agit pas seulement de défendre la mémoire de son frère, mais aussi de combattre des propos qui banalise le terrorisme.

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