Société
L’islamologue Tariq Ramadan condamné à 3 ans de prison pour viol en Suisse
Tariq Ramadan a officiellement été condamné à 3 ans de prison en appel, dont 1 an ferme, pour viol et contrainte sexuelle par la justice genevoise. La Chambre pénale d’appel, qui avait relaxé le prédicateur en mai 2023, casse ainsi son jugement de première instance. Une décision largement contestée par Tariq Ramadan…
Information désormais confirmée, la chambre pénale d’appel et de révision de la Cour de justice de Genève a révoqué le jugement du tribunal correctionnel du 24 mai 2023. Ils reconnaissent ainsi Tariq Ramadan coupable de « viol et de contrainte sexuelle ». Une telle décision, datée du 28 août dernier, peut toutefois bénéficier d’un recours dans un délai de 30 jours. L’islamologue de 62 ans, accusé par plusieurs femmes en Suisse et en France pour des faits similaires, a déjà exprimé son souhait de contester cette sentence. « Il reviendra au tribunal fédéral d’arbitrer cette affaire, de ramener la justice dans son sillon et restituer l’innocence d’un homme », ont affirmé mardi ses avocats suisses, Me Yaël Hayat et Me Guerric Canonica, dans une déclaration à l’Agence France-Presse (AFP).
Les faits qui lui sont reprochés remontent à avril 2018. Une femme suisse convertie à l’islam porte plainte contre le prédicateur islamique pour des actes datant d’octobre 2008. La plaignante l’accuse de séquestration, contrainte sexuelle et viol avec cruauté. La victime évoque également une « emprise » malsaine comparable à un « syndrome de Stockholm ». Le viol, accompagné de violences physiques, aurait eu lieu dans un hôtel de Genève où résidait Tariq Ramadan. La femme, surnommée « Brigitte » pour des questions d’anonymat, n’a toutefois jamais pris la parole publiquement afin de se protéger de potentielles intimidations.
La Cour de justice dénonce des actes « très graves »
À travers son communiqué, la Cour de justice helvète précise que la Chambre pénale d’appel et de révision « a retenu que plusieurs témoignages, certificats, notes médicales et avis d’experts privés concordent avec les faits dénoncés par la plaignante ». Par ailleurs, elle qualifie les actes de Tariq Ramadan comme « très graves », imposant notamment à sa victime l’acte sexuel ainsi que d’autres actes du même ordre « en agissant de manière brutale, violente ». Les juges ont reproché à Tariq Ramadan d’avoir persisté à contester les faits et de s’être retranché « derrière des explications visant à discréditer la victime ». « Ses actes apparaissent d’autant plus répréhensibles qu’il se veut un homme de bien, de valeurs », ajoute la Cour dans son arrêt. En plus d’une peine de prison, Tariq Ramadan est condamné à verser à la plaignante, à titre de réparation du tort moral, « 25 000 francs suisses [environ 27 700 euros] avec intérêts à 5 % dès le 29 octobre 2008 », selon le même arrêt, dont l’Agence France-Presse a obtenu une copie.
Un Tariq Ramadan contestataire et affaibli
Face à la Chambre pénale d’appel et de révision, Tariq Ramadan a farouchement contesté les accusations portées à l’encontre de sa personne. Il maintient n’avoir jamais eu de relations sexuelles avec la plaignante, n’éprouvant même aucun regret pour les faits qui se sont déroulés. « Je suis absolument innocent de tout ce qui est dit et de tout ce qu’on affirme que j’ai pu faire », avait souligné l’islamologue. D’autre part, Tariq Ramadan a bénéficié d’une réduction de peine au vu de sa santé plus que chancelante, lui qui souffre de sclérose en plaques. Sa peine de prison ferme a ainsi été réduite de six mois.
En France, la procédure le visant pour des faits similaires est également rouverte. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris avait décidé, au début de l’été 2024, de le renvoyer devant la cour criminelle de Paris pour des viols sur trois femmes, commis entre 2009 et 2016. « C’est la même chose en France comme en Suisse », affirme son avocate Yaël Hayat qui estime qu’un « combat » est livré contre lui. « Ce n’est pas une affaire de justice, c’est au-delà », ajoute-t-elle. « Une justice qui condamne sans preuve et qui écarte des éléments importants, ce n’est pas une justice. On est dans quelque chose qui est en marge de cela ».
À lire aussi : De l’Islam à l’apostasie : entretien avec un ex-musulman
Aucun commentaire
Loading