[Entretien] Stéphane Le Rudulier (LR) : « on ne peut pas couper un peuple de ses racines ! »

Sénateur LR des Bouches-du-Rhône, Stéphane Le Rudulier s’impose comme un défenseur farouche des traditions françaises. En 2022, il a déposé une proposition de loi audacieuse, soutenue par soixante sénateurs, visant à protéger les crèches de Noël et autres symboles culturels comme les sapins et les galettes des rois. Cette initiative, qui entend modifier la loi de 1905, affirme avec force que célébrer nos racines n’est pas un choix, mais une nécessité face aux menaces juridiques et idéologiques pesant sur l’identité nationale.

Dans cet entretien, Stéphane Le Rudulier partage son point de vue sur des thèmes sensibles et essentiels : la place des crèches dans l’espace public, la laïcité et les défis civilisationnels auxquels la France est confrontée. Il nous invite à réfléchir sur une question cruciale : comment concilier respect des traditions et modernité dans une France en pleine mutation ?

Frontières : Pourquoi défendez-vous l’instalation des crèches ?

Stéphane Le Rudulier : J’ai grandi comme des millions de Français dans un pays où célébrer nos traditions culturelles et nos racines immémoriales était naturel et apolitique, pour beaucoup culturel et non cultuel.

Les célébrer, c’est célébrer notre identité, savoir d’où l’on vient pour savoir où aller demain.

Nous assistons depuis 15 ans à une forme de masochisme culturel où une extrême gauche héritière de la Terreur, qui voulait raser l’identité française, entend perpétuer le travail des disciples de Robespierre comme de tous les dictateurs d’extrême gauche.

On veut nous faire croire que la laïcité, c’est l’effacement du culturel aux racines chrétiennes ! Nicolas Sarkozy l’a dit en son temps, et il a eu raison : on ne peut pas couper un peuple de ses racines !

Le wokisme est le nouveau carburant des déconstructeurs. Ils veulent imposer un grand effacement mémoriel et civilisationnel. Le ferment du wokisme, c’est l’homme nouveau des totalitarismes, l’idéologie la plus dangereuse de notre époque avec l’islamisme.

Si personne ne défend nos crèches, les fêtes de Noël (et non de fin d’année ou d’hiver), nos sapins, nos œufs de Pâques, demain, ce que 2000 ans d’histoire et d’anciens ont transmis disparaîtra, donc tous nos ancêtres disparaîtront avec. Au profit de quoi ? D’un homme nouveau, déraciné, sans boussole, qui promet tous les dangers et toutes les dérives totalitaires.

La laïcité, ce n’est pas l’effacement des racines culturelles ou des religions. Installer une crèche sur le parvis d’une mairie, ce n’est pas vouloir forcer les riverains à la conversion au catholicisme ! C’est simplement célébrer nos racines culturelles et non cultuelles, et notamment un artisanat !

Mes amis musulmans, notamment du Golfe, sont choqués par ce rejet de nos symboles culturels ! Même à Abu Dhabi, il y a un arbre de Noël ! Dans la compétition mondiale, les pays forts sont fiers d’eux-mêmes, les autres sont voués à disparaître. Si on ne défend même pas sa propre identité sur son sol, comment penser dans le monde ?

Frontières : Que pensez-vous de la décision du Conseil d’État ?

Stéphane Le Rudulier : Le Conseil d’État a une interprétation qui peut différer dans le temps. En 2016, il autorisait les crèches, car ces dernières peuvent avoir « plusieurs significations. Elle présente un caractère religieux ; mais elle est aussi un élément des décorations et illustrations qui accompagnent traditionnellement les fêtes de fin d’année, sans signification religieuse particulière. »

Cette interprétation a depuis été cassée pour une approche plus radicale, ce que je regrette. C’est bien pour cela qu’il faut modifier la Constitution pour sanctuariser ces traditions ancestrales.

Frontières : Ne risquez-vous pas de choquer d’autres communautés religieuses en installant des crèches ?

Stéphane Le Rudulier : Les afficher dans l’espace public, c’est affirmer notre identité millénaire et notre culture. Le Général de Gaulle disait lui-même que la France était un pays de racines chrétiennes. Le nier, c’est nier le réel, c’est absurde. Faire croire que la France serait un terrain vague sans identité ni origine s’apparenterait à du négationnisme historique et culturel. Aucune religion n’est choquée. Je suis proche de beaucoup de responsables d’autres cultes dans les Bouches-du-Rhône, et tous comprennent !

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