Société
Bordeaux : apologie du terrorisme sur TikTok, un Afghan condamné
Arrivé clandestinement en France en 2020, Amir Hadawi semblait promis à une réinsertion discrète, loin des radars. Mais sous l’anonymat des réseaux sociaux, son parcours a dévié, jusqu’à une fascination inquiétante pour l’extrémisme islamique.
Arrivé en France en 2020, Amir Hadawi, 22 ans, fuyait alors la répression talibane. Installé d’abord à Agen avant de rejoindre Bordeaux, il semblait, à première vue, avoir pris un chemin de réinsertion exemplaire. Peintre en bâtiment et détenteur d’une carte de séjour jusqu’en juillet 2025, il n’était pas connu des services de police. Jusqu’au jour où, sous couvert de l’anonymat des réseaux sociaux, sa marche a chancelé.
L’ombre d’Oussama Ben Laden et Daech
Sur TikTok, entre l’automne 2023 et l’été 2024, Amir Hadawi laisse peu à peu entrevoir une fascination pour l’extrémisme islamique. Publiant des photos et vidéos d’Oussama Ben Laden, il s’en prend violemment aux « mécréants », qu’il décrit comme « pires que les animaux ». À ces publications s’ajoutent des messages exaltant la violence, affirmant que « le sang de vos enfants est le sang de nos enfants », et d’autres en soutien à Daech, symbolisés par l’emblématique drapeau noir de l’organisation.
Les autorités françaises, via la surveillance constante des réseaux, ne tardent pas à repérer ses activités. Signalé aux autorités judiciaires, Amir Hadawi est arrêté le 16 août 2024 dans son appartement par les forces de la police judiciaire, assistées du Raid. S’ensuivent des fouilles minutieuses de ses appareils électroniques, révélant la profondeur de son engagement idéologique. Placé en garde à vue, il exprime une position ambivalente, se déclarant en faveur de la charia mais « uniquement dans les pays islamiques ».
Un mea culpa tardif au tribunal de Bordeaux
Devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, Amir Hadawi reconnaît finalement les faits. Il confesse s’être laissé convaincre par des idéologies radicales avant de « comprendre son erreur ». Il assure aujourd’hui avoir renoncé à ces croyances, sans pour autant dissiper les doutes du parquet, rappelant le contexte tendu depuis l’assassinat du professeur à Arras en octobre 2023.
Le tribunal n’a pas été convaincu par les déclarations tardives du jeune homme. Condamné à deux ans de prison ferme, Amir Hadawi devra purger sa peine et sera maintenu en détention. À cela s’ajoutent une interdiction de dix ans du territoire français et son inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes (FIJAIT). Une affaire qui témoigne des dangers insidieux de la radicalisation numérique et des fragilités d’un parcours migratoire détourné vers des idéologies extrémistes.
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