Politique
À Nice, Marine Le Pen ressort le concept du « parti unique » et étrille le mouvement « de Wauquiez à Mélenchon »
Quelques gouttelettes de pluie en début de journée n’auront pas empêché plus de 4 000 sympathisants du RN de venir assister à la grand-messe de rentrée du parti à Nice. Tambouille politicienne, finances publiques, insécurité, la femme politique préférée des français, Marine Le Pen, plus en forme que jamais, compte bien mener ses troupes « jusqu’à la victoire » en brisant l’enchantement autour de Michel Barnier et en se projetant vers des élections « qui arriveront plus vite que prévu, d’ici un an ».
Les portes ouvrent à 13h, les premiers fidèles s’amassent dans l’entrée du palais Nikaïa de Nice après des fouilles rigoureuses. Avant les discours respectifs de la patronne des députés nationaux, Marine Le Pen, et du président du Rassemblement National, Jordan Bardella, deux tables rondes orchestrées par la députée de Gironde, Edwige Diaz, voient se succéder sur scène Laure Lavalette et Jean-Philippe Tanguy, en véritables rock stars ovationnées, Franck Allisio, Matthieu Valet, Fabrice Leggeri, Pascale Bordes, et la députée hôte Alexandra Masson. Le député de la Somme, célèbre pour son « silence pour la France ! » lance le ton de la rentrée en misant sur une critique sèche du bilan économique de la Macronie et ironise : « Bruno Le Maire, c’est celui qui vous invite au restaurant et vous fait payer l’addition, une addition à 110 milliards d’euros d’ici 2027 ! ». Avant de passer très vite aux thèmes migratoires, le parti voulant prendre exemple sur le Canada qui fixe des quotas d’immigration. Valet, Leggeri, et l’avocate devenue députée Pascale Bordes entendent eux dénoncer la philosophie du nouveau ministre de la Justice, Didier Migaud, en insistant : « Non, Didier Migaud, la réponse pénale n’est pas satisfaisante ! », arguant notamment des promesses non-tenues de constructions de prisons (seulement 2 000 sur 18 000).
C’est ce que Marine Le Pen réclamera à son tour sur scène : pas de paroles, des actes. Que Bruno Retailleau tende bien l’oreille alors : le Rassemblement National ne lui donnera aucun blanc-seing. À Nice, à jamais marquée par le dramatique attentat islamiste survenu lors de la fête nationale de juillet 2016, la déjà candidate à la future élection présidentielle insiste sur le danger islamiste toujours en cours et en profite pour rendre hommage aux 43 otages français exécutés il y a tout juste un an par le Hamas. Dernière adresse au nouveau ministre de l’Intérieur, la patronne du groupe RN à l’Assemblée nationale rappelle à Bruno Retailleau que « ce n’est pas l’État de droit, en tant que tel, qui doit être contesté […] mais la façon dont ils ont renversé cette notion pour en faire un instrument de soumission des peuples qui n’auraient plus la liberté démocratique de faire évoluer le droit. »
Pour conclure le meeting de rentrée, celui que tout le monde attendait, Jordan Bardella, monte sur scène face à une scène toujours plus électrique et rassure d’emblée ses troupes sur les ambitions à venir du RN, visiblement partagées : « J’ai comme l’impression que vous n’avez pas dit votre dernier mot ! », rappelant un certain slogan cher à Éric Zemmour. Lorsqu’il évoque les accointances de l’extrême gauche et notamment de Jean-Luc Mélenchon avec les militants du Hamas en France, la salle hue lorsqu’elle entend prononcer les mots de « Gaza » et « Palestine ». Prix de l’énergie, pouvoir d’achat, justice, budget, Jordan Bardella veut assainir le système français et « baisser les mauvaises dépenses de l’État » avant de conclure sur le respect qu’il exige de Michel Barnier et de son nouveau gouvernement.
Pas un mot n’a été prononcé sur les affaires en cours : le calendrier judiciaire ne semble pas effrayer le tandem Bardella-Le Pen pour qui la victoire aux dernières élections n’a pas été volée, mais seulement « différée ».
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