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Syrie : les chrétiens d’Alep menacés d’extinction par la guerre civile
L’offensive des groupes rebelles et djihadistes dans le nord de la Syrie exacerbe les craintes pour l’avenir des chrétiens, particulièrement à Alep, où une nouvelle vague de persécution semble inévitable. En proie à la violence, à l’exode et à l’isolement, la communauté chrétienne syrienne se trouve à un tournant tragique, entre l’extinction de sa présence historique et la lutte pour sa survie.
Depuis plusieurs mois, la situation militaire en Syrie se dégrade alors que les rebelles et djihadistes, notamment le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), continuent d’étendre leur emprise sur le nord-ouest du pays. La ville d’Alep, encore marquée par dix ans de guerre civile, est désormais sous contrôle de ces forces islamistes. Ce changement menace directement la population chrétienne restante. Près de 30 000 chrétiens, majoritairement de la communauté grecque orthodoxe, mais aussi arménienne et maronite, vivent actuellement dans la ville, contre plus de 150 000 avant le début du conflit.
Les chrétiens d’Alep en fuite : une population dévastée par la guerre
Benjamin Blanchard, directeur de l’organisation SOS Chrétiens d’Orient, exprime ses vives préoccupations dans les colonnes du JDD : « Si la situation reste maîtrisée pour l’instant, de nombreux chrétiens d’Alep savent que cela ne durera pas. » Face à cette menace, des centaines de chrétiens ont déjà fui vers Damas en quête de refuge. Cet afflux crée une pression accrue sur les capacités d’accueil de la capitale syrienne. Les ONG activement présentes sur le terrain ont dû intensifier leur aide d’urgence, distribuant vêtements, couvertures et chauffages à ceux qui ont fui les combats, alors que l’hiver syrien s’annonce particulièrement rigoureux.
L’économie syrienne, elle aussi, est au bord du gouffre, exacerbée par des sanctions internationales et les destructions massives. Les chrétiens d’Alep se retrouvent inexorablement esseulés, pris entre l’armée de Bachar al-Assad et les groupes djihadistes. La reprise des combats a également exacerbé l’effondrement des infrastructures, rendant l’acheminement de l’aide humanitaire presque impossible. « L’aide humanitaire n’arrive pas, et les maladies risquent de se multiplier », alerte Nathalie Chambon au JDD, porte-parole de l’Aide à l’Église en Détresse (AED), qui a débloqué 350 000 euros pour venir en aide aux chrétiens syriens dans le besoin. À Alep, malgré les promesses de sécurité faites par les islamistes à la population, beaucoup craignent une intensification des persécutions, particulièrement pour ceux ayant soutenu le régime de Bachar al-Assad.
L’exode et la disparition de la mémoire chrétienne
En 2013, plus de 300 familles chrétiennes ont fui face à l’avancée des djihadistes du Front Al-Nosra, puis de l’État islamique (EI). Depuis la libération de la ville en 2017, la reconstruction est lente, mais surtout, elle ne suffit pas à convaincre les chrétiens de revenir. « Même si les églises et les maisons étaient reconstruites, les chrétiens ne reviendront pas », confie Michel dans les colonnes du Monde, un des sept chrétiens restants dans la ville.
Les destructions massives, notamment des lieux de culte, et l’absence de perspectives économiques ou sociales, éloignent encore un peu plus les chrétiens de leur terre ancestrale. Aujourd’hui, la présence chrétienne en Syrie est réduite à une fraction de ce qu’elle était avant le début de la guerre, une situation alarmante soulignée par des responsables religieux et humanitaires : « La disparition de cette communauté autochtone dans l’indifférence générale est un drame inacceptable », déclare Vincent Gelot, directeur de l’Œuvre d’Orient.
Un avenir incertain pour les chrétiens de Syrie
Les perspectives pour les chrétiens de Syrie demeurent alors dans une sombre opacité. La guerre et la crise économique ont déjà gravement exacerbé la pression sur une communauté fragilisée. Les départs massifs, particulièrement parmi les jeunes, alimentent un exode qui menace l’avenir de cette minorité historique. « Nous étions une minorité qui avait du poids, moins aujourd’hui », regrette Nabil Antaki, un chrétien d’Alep interrogé par Le Monde.
Dans le reste du pays, les chrétiens peinent à conserver une place dans la société syrienne. Les nouvelles générations locales perdent peu à peu la mémoire d’une Syrie plurielle, autrefois berceau du christianisme. Alors que la guerre continue de faire rage, la communauté chrétienne syrienne lutte pour sa survie.
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