Sanofi, le géant pharmaceutique français, a déclaré avoir engagé des négociations exclusives avec le fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R). Au centre de cette manœuvre, la cession d’une participation majoritaire dans sa filiale Opella, dédiée à la santé grand public, soulève des inquiétudes.
Cette opération, évaluée à 15 milliards d’euros, vise à transférer 50 % des actifs de l’entreprise, qui commercialise des médicaments emblématiques tels que le Doliprane, la Lysopaïne et le Maalox. Au cœur de cette stratégie, Opella se retrouverait désormais sous la coupe d’intérêts étrangers.
La société, qui compte plus de 11 000 employés et opère dans 100 pays avec 13 usines, a réalisé un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros en 2023, enregistrant une croissance de 6,3 %.
CD&R l’emporte face à PAI Partners
Le fonds américain CD&R se hisse en tête des négociations, l’emportant sur le fonds français PAI Partners. Les efforts de l’entreprise se sont révélés infructueux, n’ayant pas réussi à obtenir le soutien financier escompté de la banque publique d’investissement également française, Bpifrance. Cette victoire du fonds américain suscite des inquiétudes, notamment en matière de souveraineté sanitaire.
L’économiste Samira Guennif a mis en garde contre les conséquences d’une éventuelle délocalisation de la production de médicaments, affirmant que « le risque, c’est de voir la production de médicaments être délocalisée, et que la France perde encore de cette autonomie sanitaire ». Elle a également souligné un constat préoccupant établi durant la crise du Covid-19 : « Aujourd’hui, la plupart des médicaments vendus en France sont produits à l’étranger. »
Les engagements de l’État français
En réponse aux inquiétudes croissantes, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu la décision de Sanofi tout en se prévalant de la vigilance de l’État. Il a qualifié CD&R de « fonds d’investissement sérieux » et promis des engagements clairs pour protéger la production et les emplois en France, notamment ceux liés à des médicaments essentiels comme le Doliprane.
Toutefois, ses assurances sonnent creux, alors qu’il peine à dissiper les doutes sur l’efficacité réelle des mesures de contrôle des investissements étrangers.