Société
Le survivalisme à la française
Salsa Bertin, docteur en lettres, journaliste, critique gastronomique et autrice, est passionnée de littérature, d’art de vivre et d’écologie. Elle a publié Vivre Autonome, le survivalisme à la française en 2023, et revient pour Livre Noir sur la spécificité des survivalistes français.
Vous abordez dans votre livre la notion de survivalisme à la française, pourriez-vous en préciser les spécificités et le différencier de celui venant des États-Unis ?
Originellement, le survivalisme est né aux États-Unis, au moment de la Guerre froide. En effet, durant cette période, le gouvernement avait peur d’une menace nucléaire, il fallait « faire nation » contre l’Union soviétique. Les États-Unis ont nourri une peur au sein de leur population américaine en distribuant des petits fascicules, qui étaient des manuels de survie détaillés, au cas où il y aurait une catastrophe nucléaire ou une guerre, avec des conseils très pratiques pour faire des provisions, pour se soigner, etc. C’est un véritable enseignement pratique qui est entré au sein des foyers américains.
Cela a donné lieu à ce que j’appelle le « paranoïaque » américain, qui, à défaut d’avoir été attaqué dans son propre son pays et sur son propre territoire (comme nous à plusieurs reprises), va jouer à se faire peur. Pour une partie des Américains paranoïaques, cette peur va se transporter dans le côté « survival », c’est-à-dire de confrontation à la nature. Car la nature n’est pas la même aux États-Unis. La géographie définit un peuple, cela le transforme, le modèle et, oui, la nature est plus hostile là-bas qu’elle ne l’est ici ! Vous ne pouvez pas comparer les États-Unis, leurs déserts, leurs forêts aux nôtres. Ainsi, par extension le survivalisme aux États-Unis, c’est aussi devenu le bushcraft dans les bois, dans la forêt, dans la nature hostile. Il est donc parti d’une peur pour devenir une doctrine, qui deviendra une manière de vivre, de voir le monde et de penser.
Pour la France, on a parlé de survivalisme, car on aime aussi se faire peur. Effectivement, il y a quelques paranoïaques en France qui sont des groupes paramilitaires, mais c’est ultra-minoritaire et ne concerne
Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite, profitez de nos offres sans engagement !
Aucun commentaire
Loading