Société
[Edito] J’ai pris ma place pour la Cinéscénie
Je confesse ne pas avoir regardé tout de suite le documentaire de France 2 sur le Puy du Fou et la Cinéscénie. Je ne souhaitais pas faire partie de tous ceux qui, en le visionnant, feraient un immense plaisir à la petite bande de « Complément d’enquête ». Je n’arrivais toujours pas à me faire à l’idée qu’une réussite si française allait se faire tailler en pièce par le fruit de nos impôts. Et pourtant…
Après 3 jours de polémique, et une lecture du JDD plus loin, je me suis résolu à me rendre sur le site de France Télévision pour visionner le replay de ce documentaire intitulé « Histoire, argent, pouvoir : les secrets du Puy du Fou ».
90 minutes de sous-entendus et j’allais dire même de complotisme. Le Puy du Fou aurait bénéficié d’un coup de pouce, voire de subventions du conseil général de Vendée ? Pire même, de l’aide du président de la République ? Tout cela présenté avec la petite musique digne d’un thriller, et de l’éternel crescendo du service public « nos caméras les dérangent ». Comme si Tristan Waleckx et sa petite bande seraient ravis d’avoir en permanence des caméras qui les traquent. C’est une idée après tout, peut-être devrions-nous y penser.
D’un côté donc, Tristan Waleckx, présentateur de Complément d’enquête, reproche presque aux ouvriers du chantier de ne pas apparaître sur la caméra (alors qu’on sait, en tant que journaliste, que de nombreux Français ne le souhaitent pas, simplement par discrétion et c’est leur bon droit), faisant dire à ces images de « fuite » que des secrets seraient ainsi cachés au Puy du Fou. De l’autre, on découvre des images de drone du Parc (on imagine donc que France 2 a reçu des autorisations, quel privilège !), et mieux, nous pouvons suivre son président Nicolas de Villiers au cœur d’une répétition générale. Dans les coulisses de cet endroit pourtant caché selon ces Sherlock Holmes des temps modernes !
Quelque 70 minutes plus tard, le fameux fauteuil rouge de l’émission avec comme invité principal…son président à nouveau, Nicolas de Villiers, qui ne manque de répondre à aucune question. Mieux, le tournage a lieu devant le Colisée du parc : quel privilège à nouveau ! J’espère que France 2 a payé la location du lieu…
Soyons honnêtes, lorsque nous découvrons dans ce documentaire ce qu’on sait déjà, c’est-à-dire qu’Emmanuel Macron a aidé le Puy-du-Fou, le premier réflexe est de se dire « pour une fois ». Pour une fois que le président défend cette culture française qu’il disait « ne pas exister ».
Ça nous le rendrait presque sympathique. N’est-ce pas le rôle du Président d’aider le 2e site touristique le plus visité de France ? Ou celui des villages environnants qui profitent de toute cette manne financière ? Décidément, le service public audiovisuel s’est encore ridiculisé, en plus de s’être rabaissé une énième fois.
Nous découvrons plus loin dans ce documentaire -financé par vos impôts- que la famille de Villiers se serait assurée le contrôle absolu du Parc : autre réflexe, « heureusement ». Imaginez si ce Parc tombait aux mains des allumés du ministère de la Culture, nous aurions droit à un Disney bas de gamme…
Surtout, ne manquez pas ce passage mythique où le journaliste de France 2 admet l’existence de 200 000 morts durant la guerre de Vendée, pour mieux relativiser les chiffres de 300 000 évoqués par le Puy-du-Fou. Nicolas de Villiers, magistral, lui fait remarquer que 200 000, c’est énorme. Imaginez si le service public relativisait la guerre en Ukraine en expliquant que finalement, il n’y avait que 100 000 morts et non 150 000 comme évoqué par Volodymyr Zelensky…
J’ai donc éteint ma télévision en terminant ce documentaire, et j’ai pensé : « il y a encore de l’espoir dans ce pays ! »
J’ai alors planifié ma prochaine Cinéscénie. « Complément d’enquête » aurait dû sortir son chef-d’œuvre plus tôt : la saison est terminée, je devrai donc attendre avec patience.
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