Entre 1990 et 2020, 4,3 millions de kilomètres carrés de terres humides se sont transformées en terres arides, une superficie équivalente à celle de l’Inde. Cette tendance concerne désormais près de 41 % des terres émergées, excluant l’Antarctique. Les zones les plus touchées incluent le pourtour méditerranéen, le sud de l’Afrique, l’Australie méridionale, ainsi que certaines régions d’Asie et d’Amérique latine.
L’aridité, qui se distingue des sécheresses temporaires, s’installe de manière durable, avec des impacts sur l’agriculture et les modes de vie. Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), a indiqué que « cette crise redéfinit les écosystèmes, les économies et les moyens de subsistance ».
Le rôle du réchauffement climatique
Le rapport met en évidence la corrélation entre l’aggravation de l’aridité et le réchauffement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre. Ces émissions modifient les régimes de précipitations et accroissent l’évaporation, contribuant à l’assèchement de vastes régions. Barron Orr, scientifique en chef de la CNULCD, a précisé que pour la première fois, un organisme scientifique de l’ONU indique que la combustion des combustibles fossiles entraîne un assèchement permanent dans de nombreuses régions, ce qui pourrait avoir des conséquences significatives sur l’accès à l’eau et provoquer des déséquilibres importants entre les populations humaines et l’environnement.
L’aridité génère plusieurs effets négatifs sur les écosystèmes et les économies mondiales. Actuellement, plus de 2,3 milliards de personnes vivent dans des zones arides, et ce chiffre pourrait dépasser les cinq milliards d’ici la fin du siècle. En Afrique, cette transformation a entraîné une baisse de 12 % du Produit intérieur brut (PIB) entre 1990 et 2015. Les rendements agricoles mondiaux, notamment en maïs, blé et riz, devraient également diminuer de manière significative d’ici 2040, entraînant des conséquences pour la sécurité alimentaire et des migrations potentielles.
Recommandations des scientifiques
Pour contrer cette crise, les scientifiques recommandent d’intégrer l’aridité dans les systèmes de surveillance des sécheresses, de renforcer la gestion des sols et de l’eau, et de soutenir les communautés vulnérables face à cette évolution. Si les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître, le processus de désertification pourrait atteindre un point de non-retour, entraînant des conséquences irréversibles. Les recommandations de l’ONU et des experts soulignent l’importance de mettre en place des mesures adaptées pour limiter les effets de cette crise.