Immigration
Lampedusa : le camp des saints miniature
À Lampedusa, au milieu du mois de septembre, une armada de plusieurs dizaines d’embarcations fraîchement arrivées de Tunisie a submergé l’île tout entière. Deux jours avant de boucler ce magazine, Erik Tegnér est parti en reportage observer un cauchemar migratoire de ses propres yeux.
Jeudi 14 septembre, 8 heures du matin. L’état d’urgence est déclaré sur l’île italienne de Lampedusa, où arrivent des migrants par milliers depuis maintenant 48 heures. On parle alors de 6 000 arrivées. Le ministère de l’Intérieur italien est dépassé. Le centre d’accueil de cette île de la Méditerranée, proche des côtes libyenne et tunisienne, est totalement saturé. Les premières images de bagarres deviennent virales sur les réseaux sociaux. Il fait beau, les bateaux remplis de migrants arrivent par dizaines. Il y en aura plus de 200 au total.
C’est le grand jour pour Livre Noir avec les séances photos de Jordan Bardella ou encore Éric Zemmour. Toujours un moment délicat dans le bouclage d’un magazine dont la date fatidique de l’envoi à l’imprimeur approche : plus que trois jours. Pourtant, il me semble impossible de ne pas traiter de Lampedusa dans ce magazine qui se veut une référence sur le sujet de l’immigration. Après six mois d’enquête à travers la Tunisie, Ceuta, Lesbos, ou encore les Balkans, j’ai appris à décrypter le parcours de ces migrants, leurs moyens de déplacements, les connexions entre passeurs.
En deux heures la décision est prise avec l’équipe : je décolle pour Lampedusa avec le premier avion. Nous serons la première équipe de journalistes français sur place. Quand mon petit avion en partance de Palerme arrive à Lampedusa, ce jeudi à 21h30 après sept heures de vol et deux escales, il fait nuit. L’île semble calme. Une fois dans le centre-ville, c’est l’occasion de se restaurer. J’aperçois alors les premiers migrants. Des jeunes, pas plus de vingt ans, par dizaines, qui mangent des restes de nourriture devant nous et harcèlent les restaurateurs pour obtenir de la nourriture. Il faut dire qu’ils font de la peine. Mon assiette de pommes de terre finira chez eux.
L’as
Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite, profitez de nos offres sans engagement !
Aucun commentaire
Loading