Société
Marineland d’Antibes ferme définitivement ses portes : la fin des spectacles de cétacés en France
Le parc Marineland d’Antibes, institution emblématique de la Côte d’Azur, s’apprête à fermer ses portes. Une fermeture qui reflète l’évolution des mentalités sur la captivité animale.
Le parc Marineland d’Antibes, longtemps présenté comme le « plus grand zoo marin d’Europe », fermera définitivement ses portes le 5 janvier 2025. Si cette annonce marque la fin d’une époque pour ce lieu emblématique de la Côte d’Azur, elle est aussi perçue comme une victoire retentissante pour le bien-être animal.
Une fermeture qui illustre un changement de société
Depuis son inauguration en 1970, Marineland a été une destination phare pour découvrir les mammifères marins. Mais derrière son succès, les spectacles mettant en scène des cétacés ont toujours alimenté les débats. La loi de novembre 2021, interdisant l’utilisation des cétacés dans des spectacles à partir de 2026, a été décisive dans la fermeture du parc. Cette mesure vise à lutter contre la maltraitance animale et à répondre à une prise de conscience collective. Pour la direction de Marineland et ses salariés, cette décision est « brutale ». Pourtant, la fin de ces spectacles est considérée par beaucoup comme une victoire pour le bien-être animal.
Une victoire judiciaire pour le bien-être des orques
Marineland s’est en effet retrouvé au cœur d’une vive controverse ces derniers mois en proposant de transférer ses deux dernières orques vers un parc japonais à Kobe. Ce projet, dénoncé avec force par les défenseurs des animaux, a également suscité une opposition catégorique de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui a condamné fermement cette initiative fin novembre.
Pour l’heure, ces orques demeurent intransférables. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé, le jeudi 5 décembre, l’obligation pour Marineland de garder ses deux dernières orques, Wikie et Keijo – mère et fils –, jusqu’à la conclusion d’une expertise sur leurs conditions de vie. Cette décision a été saluée par l’association One Voice. « Nous sommes heureux aujourd’hui de cette décision parce qu’il faut que l’expertise judiciaire soit menée à son terme », a déclaré Muriel Arnal, présidente de l’association, à franceinfo.
Un bilan entaché par des décès tragiques
La fermeture du parc intervient après des années de polémiques. Marineland a toujours été au cœur des critiques des associations de défense animale, et à juste titre. Les décès récents de deux orques, Moana et Inouk, ont été le révélateur de la souffrance des mammifères marins en captivité. Moana, âgé de seulement 12 ans, est mort en octobre 2023 des suites d’une septicémie bactérienne aiguë. Cinq mois plus Tard, Inouk, une autre orque emblématique du parc, succombait, elle aussi, bien que la cause précise de sa mort n’ait pas été immédiatement communiquée.
L’association One Voice, réagissait alors en ces termes : « Depuis plus de cinq ans, son état de santé, délétère, nous révoltait et nous n’avions cessé de sonner l’alerte. Nous avons remué ciel et terre pour que l’État prenne ses responsabilités après le vote de cette loi passoire de 2021 qui ne protège en réalité pas les animaux. ». Ces morts précoces ne sont pas des exceptions, mais la conséquence directe de conditions de vie inadaptées. Des bassins confinés, un environnement artificiel, et le stress constant de la captivité mettent en péril la santé physique et mentale de ces géants des mers.
Ces tragédies, ajoutées aux pressions des ONG et à une évolution des mentalités, ont finalement eu raison de ce modèle dépassé. La loi de 2021, qui interdit les spectacles de cétacés à partir de 2026, a sonné le glas de Marineland. Autrefois promus comme éducatifs, ces shows aquatiques sont aujourd’hui perçus comme cruels et inappropriés.
Quel avenir pour les animaux restants ?
Alors que le parc prépare sa fermeture, le sort des animaux reste une question clé. Les deux orques survivantes, Wikie et Keijo, ne peuvent être relâchées dans la nature après une vie entière passée en captivité. La possibilité de leur transfert dans un sanctuaire marin, tel que celui en cours de création au Canada, est envisagée, mais les défis logistiques et financiers sont nombreux.
Quant aux dauphins, certains pourraient être relocalisés dans un sanctuaire marin au large de l’Italie, bien que les capacités limitées de ce projet ne puissent accueillir que quelques individus. Des solutions sont également recherchées pour les autres espèces, mais les défenseurs du bien-être animal appellent à une vigilance accrue pour éviter des placements dans des parcs aux conditions discutables, notamment en Asie.
Une prise de conscience nécessaire
Marineland a longtemps été une institution phare du tourisme azuréen, attirant des générations de visiteurs. Cependant, les temps ont changé. La société évolue vers une vision plus respectueuse des animaux, où leur captivité à des fins de divertissement est de plus en plus remise en question. Longtemps vanté pour ses spectacles grandioses, le parc laisse derrière lui un héritage controversé, terni par les souffrances infligées à ses résidents marins.
À lire aussi : [Épisode 4] Victoire : le défenseur des baleines Paul Watson est libre !
Aucun commentaire
Loading