International
Boualem Sansal : une mobilisation internationale face aux attaques d’Abdelmadjid Tebboune
Depuis son arrestation en novembre, Boualem Sansal est au cœur d’une mobilisation internationale. Un comité de soutien, composé de figures intellectuelles et politiques, dénonce une atteinte à la liberté d’expression et appelle à sa libération immédiate.
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, figure emblématique de la littérature, se trouve au cœur d’une polémique internationale. Depuis son arrestation à l’aéroport d’Alger en novembre 2024, les réactions fusent. La dernière en date : une riposte vigoureuse du comité de soutien international, faisant suite aux attaques du président algérien Abdelmadjid Tebboune ce dimanche 29 décembre, qui a qualifié Sansal d’« imposteur » envoyé par la France. Retour sur une affaire qui cristallise les tensions autour de la liberté d’expression.
Une vague de soutien international
Depuis son arrestation, la mobilisation ne faiblit pas. En tête de cette initiative, le comité de soutien international, présidé par Catherine Camus, fille d’Albert Camus. Ce collectif rassemble de grandes figures du monde intellectuel et politique, telles que l’écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature 2006, et l’historienne russe Irina Scherbakova, prix Nobel de la paix 2022. Le comité, lancé par la Revue politique et parlementaire, dénonce les accusations portées par Abdelmadjid Tebboune. Ses membres exhortent les autorités françaises à mobiliser tous les moyens possibles pour obtenir la libération rapide de Boualem Sansal.
C’est en effet dans un « discours à la nation » rapporté par TSA, que M. Tebboune a vivement critiqué l’écrivain, déclarant : « Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre État ». Ces propos ont suscité une riposte immédiate du comité de soutien international. Comme le souligne Le Figaro, les appuis de Boualem Sansal ont réagi avec gravité, estimant que ce discours laisse « peu d’illusions » sur le « sort réservé à notre ami et compatriote ». Ils ont affirmé que : « Les propos du chef de l’État algérien confirment, s’il le fallait, le statut de prisonnier politique de celui qui est l’otage d’un pouvoir arbitraire et policier. ». Des mots forts qui dénoncent sans détour la dérive autoritaire du régime.
Mobilisation en France et à l’étranger
En France, les soutiens à Boualem Sansal se sont multipliés. Une soirée spéciale, organisée le 16 décembre au Théâtre Libre à Paris, a rassemblé des personnalités telles que l’écrivain Kamel Daoud et l’ancien ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer. L’événement a mis en lumière les conditions de détention de l’écrivain, décrites comme alarmantes.
Natacha Polony, ancienne directrice de la rédaction de l’hebdomadaire Marianne et essayiste reconnue, a dénoncé avec force la situation, déclarant : « Un écrivain est emprisonné. Un homme risque de terminer sa vie dans les geôles d’un régime en pleine dérive pour avoir, de romans en entretiens, porté le fer contre une idéologie mortifère, l’islamisme, et contre la prise en otage de tout un pays par un clan militaro-affairiste, celui d’Abdelaziz Bouteflika puis d’Abdelmadjid Tebboune. ».
Des organisations internationales comme le Conseil Permanent des Écrivains (CPE) et l’European Writers’ Council (EWC) ont également pris position. Ces associations considèrent cette arrestation comme une atteinte grave aux droits fondamentaux des auteurs et appellent à une mobilisation globale.
Un état de santé alarmant
Depuis la mi-décembre, Boualem Sansal, dont l’état de santé s’est aggravé, a été placé dans une unité de soins. Ses défenseurs dénoncent une situation alarmante, affirmant que : « Le régime algérien franchit un pas supplémentaire en prenant le risque d’une altération irréversible de la santé de notre compatriote. Cette situation est non seulement inique et inacceptable, mais elle met sa vie en danger. ». Ils condamnent une « non-assistance à personne en danger » et soulignent avec force que l’écrivain, critique du régime, n’a fait « qu’exercer sa liberté d’expression d’écrivain et de penseur ».
Appels à la libération de Boualem Sansal
Cette controverse illustre les défis liés à la défense de la liberté d’expression dans un contexte politique autoritaire. Alors que les appuis internationaux continuent de croître, la communauté internationale observe de près l’évolution de l’affaire. Plus que jamais, la mobilisation est essentielle pour rappeler que les droits fondamentaux doivent transcender les frontières.
À lire aussi : L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal transféré dans une unité de soins
Aucun commentaire
Loading