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Allemagne : Musk déclenche un tollé en signant une tribune en soutien à l’AFD
Elon Musk a signé ce samedi 28 décembre une tribune en soutien à l’AFD dans le journal allemand Die Welt. Contrairement à ce qui a pu être avancé, loin d’être un blanc-seing, le texte était accompagné d’une réponse contradictoire rédigée par le rédacteur en chef. La démarche a néanmoins suscité une vive polémique en Allemagne, au point qu’une journaliste a refusé de cautionner la publication et a préféré claquer la porte, tandis qu’un représentant du Parti social-démocrate allemand (SPD) n’a pas hésité à le comparer à Vladimir Poutine.
Le milliardaire sud-africain a provoqué un tollé samedi en signant une tribune dans le quotidien conservateur allemand Die Welt où il affiche son soutien à l’AFD. Qualifiant ce mouvement de « dernière lueur d’espoir » pour une Allemagne qu’il estime « au bord de l’effondrement économique et culturel », le milliardaire a provoqué l’indignation dans les milieux médiatiques et politiques.
« Est-ce que cela vous fait penser à Hitler ? Please ! »
Dans sa tribune, Musk défend les positions de l’AFD en mettant en avant sa politique migratoire stricte et ses propositions économiques, comme « réduire les impôts » et « déréglementer le marché ». Pour désamorcer les accusations d’extrême droite associées au parti, il invoque l’exemple de sa dirigeante, Alice Weidel, qui, selon lui, ne correspond pas à ce stéréotype puisqu’elle est « en couple avec une femme d’origine sri-lankaise ». « Est-ce que cela vous fait penser à Hitler ? Please ! », ironise-t-il.
Cependant, en interne, cette prise de position a rapidement divisé. Selon Berliner Zeitung, l’article de Musk avait déjà suscité des remous avant sa publication. Le comité de rédaction, composée l’année précédente, avait dénoncé une « publicité électorale déguisée en tribune pour le parti d’extrême droite AfD ». Une communication interne affirmait que publier un tel texte était « absolument inacceptable » sans un débat préalable au sein de l’équipe éditoriale.
Une tribune qui provoque une démission et une comparaison à Vladimir Poutine
Malgré ces avertissements, l’article a été publié sous la forme d’une tribune croisée. Le nouveau rédacteur en chef de Die Welt, Jan Philipp Burgard, y répond à Musk en affirmant que « même un génie peut se tromper ». Il qualifie l’AfD de « danger pour nos valeurs et notre économie » et rappelle que Björn Höcke, l’un des leaders du parti, « a été condamné à plusieurs reprises pour avoir utilisé un slogan nazi interdit ».
Cette tentative d’équilibrer les points de vue n’a toutefois pas empêché Eva Marie Kogel, responsable des contenus éditoriaux, d’annoncer sa démission. « Aujourd’hui, un texte d’Elon Musk est paru dans le Welt am Sonntag. Hier, j’ai présenté ma démission après impression », a-t-elle déclaré sur le réseau social X.
Ich habe immer gerne das Meinungsressort von WELT und WAMS geleitet. Heute ist in der Welt am Sonntag ein Text von Elon Musk erschienen. Ich habe gestern nach Andruck meine Kündigung eingereicht. https://t.co/Ss1FNGiwAL
— Eva Marie Kogel (@emkogel) December 28, 2024
Tandis que Lars Klingbeil, coprésident du Parti social-démocrate allemand (SPD), n’a quant à lui pas hésité à comparer le patron de Tesla au président russe Vladimir Poutine. Dans une interview accordée lundi au journal Funke Mediengruppe, M. Klingbeil a déclaré : « Elon Musk et Vladimir Poutine cherchent tous deux à influencer nos élections en soutenant délibérément l’AfD, les ennemis de la démocratie. Leur objectif est d’affaiblir l’Allemagne et de la plonger dans le chaos. »
Fallait-il offrir une tribune à Musk ?
Déjà, la veille de la parution de la tribune signée par Musk, le président allemand Frank-Walter Steinmeier alertait sur les risques de manipulation des élections à venir sur la plateforme X. Le 27 décembre, il annonçait la dissolution du Bundestag et la tenue d’élections législatives anticipées, tout en soulignant les dangers de désinformation qui pourraient influencer le scrutin. Cette mise en garde faisait déjà écho aux déclarations polémiques de Musk publiées sur X quelques jours auparavant, le 19 décembre, où il affirmait que « seul l’AfD peut sauver l’Allemagne ».
Cette fois, toutefois, Musk a délaissé le ton provocateur de ses publications sur X pour une tribune plus argumentée, où il justifie son intervention dans le débat public allemand par son statut d’investisseur. Publiée dans un journal reconnu comme Die Welt, la tribune s’inscrivait dans un cadre éditorial structuré, avec une réponse contradictoire de Jan Philipp Burgard réfutant les arguments de Musk. Pourtant, malgré cet effort pour encadrer et équilibrer le débat, la polémique ne faiblit pas : fallait-il offrir une tribune à l’entrepreneur sud-africain pour défendre l’AfD ? Était-ce un choix légitime au nom de la liberté d’expression ou une imprudence éditoriale à l’approche de nouvelles élections ?
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