L’immigration, une révolution ignorée
Driss Ghali, membre du comité stratégique de Livre Noir et auteur de l’ouvrage “De la diversité au séparatisme” revient sur la loi immigration et ses angles morts.
L’immigration, tout le monde en parle, mais personne ne veut en débattre à l’Assemblée Nationale. À l’unisson, les oppositions de droite et de gauche ont refusé de débattre le projet de loi sur l’immigration de Monsieur Darmanin, le renvoyant au huis-clos de la commission mixte paritaire.
Dommage. La Nation mérite autre chose que des tractations secrètes alors que son sort est hypothéqué par une immigration massive qui n’est rien d’autre qu’une grande déstabilisation de la société. Déstabilisation de la sécurité intérieure, de l’éducation nationale, du système de santé, de la langue, des mœurs et des coutumes et bien sûr extrême déstabilisation de l’identité du pays. L’immigration a fracturé la société en une société autochtone et en une « fédération » de contre-sociétés habitées par le ressentiment et l’hostilité. Déstabilisation de l’individu bien sûr, dépaysé à chaque coin de rue, étranger chez lui 365 jours par an. On n’a pas encore assez rendu compte de la violence sensorielle et psychologique que signifie le sentiment de dépossession. Le Français n’aura bientôt plus de chez soi où il se sente à l’aise, parmi les siens, où il puisse baisser la garde, sûr d’être compris immédiatement et sans médiation.
L’immigration est une Nouvelle Révolution Française
Elle remplace le citoyen par un homme nouveau qui n’a rien de français et qui ne se sent pas responsable de la continuité historique de la France. La Révolution actuelle a pour sans-culottes des clandestins venus d’Afrique et du Maghreb. Et la prise de la Bastille a lieu tous les jours au gré des centaines d’agressions au couteau et autres outrages infligés aux femmes, aux personnes âgées, aux enfants, aux enseignants, aux prêtres, aux policiers, etc.
Tout cela mérite un débat sérieux, franc et de haute volée. Un débat qui prenne le temps nécessaire, plusieurs semaines assurément, pour explorer toutes les dimensions du problème, et elles sont nombreuses. La France a besoin des États Généraux de l’immigration. Elle a eu droit à des tweets, à des torses bombés et à des moues plus ou moins indignées.
Même la IIIᵉ République, vouée aux gémonies, a eu le courage de débattre en long et en large de la colonisation, offrant au peuple des arguments pour et contre et surtout une vision à long terme des conséquences potentielles de la colonisation. En 1885, les Français ont su exactement ce que pensaient de la colonisation Clémenceau, Ferry et Gambetta. À la nuance près. Aujourd’hui et alors que l’immigration s’apparente véritablement à une colonisation de peuplement, la Vᵉ République s’esquive.
Elle a surtout, et c’est son péché le plus grave, produit un petit texte, myope et volontairement inconscient, de la Révolution en cours. Un texte d’épicier qui se limite à soustraire les allocations sociales et à additionner les quotas. Une loi qui croit que tout va bien et qu’il suffit d’ajuster certains critères d’ordre administratif pour récupérer le contrôle. Or, nous sommes face à une crise majeure de la société française qui n’arrive plus à se passer d’immigration et qui n’arrive plus à convaincre les immigrés d’adopter son mode de vie.
Au lieu de se chamailler sur les métiers en tension, majorité et oppositions auraient dû étudier la crise du Travail, et plus exactement la faillite de la valeur Travail. Pourquoi est-ce que les Français ne veulent pas ramasser les fraises, servir les plats et couler le ciment ? D’où vient leur désaffiliation progressive du marché du travail ? Pourquoi certains jeunes préfèrent-ils la pauvreté au travail salarié ? Qu’est-ce qui a été cassé dans l’âme de ce peuple, connu pour son éthique du travail, pour qu’il ressente un tel dégoût pour l’emploi, les employeurs et les entreprises ? Que peut-on faire pour remettre les Français en activité ? Questions immenses, mais incontournables.
À la source des problèmes : l’immigration
Comme personne ne veut y répondre, l’on choisit la solution de la facilité : l’immigration. D’où les régularisations dans les métiers en tension. Or, il n’y aura jamais assez de régularisations, car les immigrés dotés de papiers auront tendance à quitter les métiers en tension pour rejoindre des secteurs mieux rémunérés ou bien s’installer dans l’assistanat. Le taux de chômage est deux fois plus élevé chez les immigrés que chez les personnes sans ascendance migratoire directe (13 % contre 7% en 2021). Ce taux monte à 16% chez les actifs immigrés en provenance du Maghreb (source INSEE). Il n’y a aucune raison pour que les immigrés régularisés en vertu de la nouvelle loi échappent à cette tendance de fond. Inévitablement, d’autres étrangers seront appelés à la rescousse. Ainsi, l’immigration se remplacera elle-même, offrant à la théorie du grand remplacement une portée inédite !
En somme, tout est pris à la légère. Comme si nous avions encore du temps devant nous, suffisamment de temps pour faire preuve d’amateurisme. Le navire prend l’eau, mais nous en sommes encore à lire le bulletin météo de la veille.
Le texte adopté se donne pour mission « d’améliorer l’intégration » en conditionnant l’obtention de certaines cartes de séjour à un niveau minimal de connaissance de la langue française. On se croirait dans les années 1980 sous Chirac ou Mitterrand, du temps où les immigrés avaient encore besoin de s’intégrer ! Désormais, ce sont les diasporas qui intègrent, pas la France. Elles offrent aux immigrés tout ce dont ils ont besoin : la sécurité psychologique, un logement plus ou moins temporaire, le mariage, un système de transfert de fonds fiable et abordable, l’accès aux élus locaux qui pratiquent le clientélisme. Les effectifs des diasporas augmentent sans cesse, ils se diffusent dans toutes les villes, d’où une sorte de continuité territoriale entre la France et les pays d’origine. Il n’y a plus de frontières. À quoi bon s’intégrer si on est partout « chez soi », entouré des siens ?
Avant qu’il ne soit trop tard
Les Algériens rejoignent l’Algérie française dont la capitale est Marseille ; les Marocains rejoignent le Maroc de France qui s’étend de Lille à Montpellier, les Turcs s’installent dans la petite Anatolie dont le chef-lieu est Strasbourg, etc.
Il ne manque plus que des leaders aux diasporas pour qu’elles deviennent des agents politiques à part entière. Demain, elles participeront directement au jeu politique, elles auront leurs médias et leurs influenceurs. Je parie que Monsieur Darmanin ou celui qui lui succèdera leur répondra en promulguant un « contrat de collaboration républicaine », aussi creux et désincarné qu’une église déserte. Les principaux intéressés lui riront aux nez et continueront leur vie comme « au bled ».
En attendant, que les petits malins qui nous gouvernent profitent des derniers jours d’accalmie et que les naïfs continuent à croire que l’on peut « contrôler l’immigration et améliorer l’intégration ».
Les autres, eh bien les autres seront appelés à la rescousse quand il sera trop tard, comme De Gaulle en 1940. À moins que la catastrophe que l’immigration nous réserve soit pour la Vᵉ République ce qu’a été l’Algérie pour la IVᵉ : une crise coloniale qui fait voler en éclats un régime d’épiciers à bout de souffle.
Dans ce cas, oui, l’immigration sera une chance pour la France.
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