C’est dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux du ministère des Affaires étrangères que le gouvernement tchadien a fait part de cette décision historique. Abderaman Koulamallah, ministre des Affaires étrangères, a précisé que la fin de cet accord ne marquait pas une rupture avec la France, mais un réajustement des relations. Selon lui, « le Tchad a grandi, a mûri » et entend désormais affirmer sa souveraineté, se redéfinissant comme un « État souverain et très jaloux de sa souveraineté ».
Tchad : un contexte de transition
Cette annonce intervient après plusieurs mois de transition politique, suite à la prise du pouvoir par Mahamat Idriss Déby Itno, fils du défunt président Idriss Déby, à la suite d’une junte militaire. Le pays, qui a longtemps bénéficié du soutien militaire français, notamment pour repousser des rebelles, voit aujourd’hui ses priorités stratégiques évoluer. Le Tchad, en dépit de la fin de cet accord, abrite encore environ un millier de militaires français, faisant de cette décision un tournant majeur dans les relations bilatérales.
Le ministre a souligné que cette rupture ne doit pas être perçue comme une rupture des liens avec la France, mais plutôt comme le début d’une redéfinition des partenariats stratégiques du pays, alignés désormais sur ses priorités nationales. « Cette décision a été prise après une analyse approfondie », a insisté Abderaman Koulamallah, soulignant que la France reste un « partenaire essentiel », mais que le Tchad doit désormais tracer son propre chemin.
Une visite de Jean-Noël Barrot dans un contexte tendu
Le ministre tchadien a pris soin de préciser que la décision de rompre l’accord de défense n’est pas directement liée à la récente visite de Jean-Noël Barrot, le ministre français chargé du Numérique, en visite au Tchad. Lors de cette visite, les deux responsables ont abordé plusieurs enjeux régionaux, notamment la crise humanitaire au Soudan, et le ministre français a annoncé une aide supplémentaire de 7 millions d’euros pour soutenir les réfugiés.
Le choix du Tchad de réajuster sa coopération militaire avec la France s’inscrit dans un contexte plus large de redéfinition des relations entre Paris et ses anciens partenaires africains. La France, contrainte de revoir ses priorités après les bouleversements dans la région, envisage désormais un partenariat plus « renouvelé » et « coconstruit », selon le rapport remis récemment à Emmanuel Macron par son envoyé spécial Jean-Marie Bockel. Alors que le Tchad affirme sa volonté de se détacher des accords de défense passés, la question de l’avenir des relations entre les deux pays reste ouverte.
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