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Syrie : plus de 255 morts en trois jours après une nouvelle offensive djihadiste autour d’Alep
Après trois années de calme relatif, le nord-ouest de la Syrie est de nouveau le théâtre de violents affrontements. L’offensive des djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham et de leurs alliés, qui se rapproche dangereusement d’Alep, provoque un bilan humain lourd et un exode massif, menaçant la fragile trêve instaurée en 2020.
Alors qu’un calme relatif régnait depuis trois ans dans le nord-ouest de la Syrie, une nouvelle offensive menée par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) et leurs alliés secoue la région orientale. Vendredi, ces forces insurgées se sont dangereusement rapprochées d’Alep, la deuxième ville du pays.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) rapporte que les combattants djihadistes, soutenus par des groupes rebelles parfois proches de la Turquie, ont capturé plus de 50 villages et localités dans les provinces d’Alep et d’Idlib depuis mercredi. Ils se situeraient désormais à seulement deux kilomètres des faubourgs d’Alep, cible d’attaques directes pour la première fois depuis quatre ans.
L’un des points stratégiques visés par cette offensive est la ville de Saraqeb, un nœud logistique crucial où se croisent deux autoroutes reliant la capitale Damas à Alep. Jeudi, les insurgés ont coupé cette route vitale, isolant un peu plus la métropole du nord et fragilisant les lignes de ravitaillement du régime syrien. Selon l’agence officielle SANA, des bombardements ont touché l’université d’Alep, causant la mort de quatre civils.
Un bilan humain alarmant
L’OSDH évoque des affrontements d’une intensité inédite depuis 2020. Le bilan provisoire s’élève à 255 morts en seulement trois jours, dont la majorité sont des combattants des deux camps. Parmi les victimes, 24 civils ont péri, dont 19 dans des frappes aériennes russes sur des zones tenues par les rebelles.
Les violences ont également déclenché un exode massif : plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont été contraintes de fuir leurs foyers, selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Mohammad Al-Bachir, chef du « gouvernement » autoproclamé d’Idlib, a justifié cette offensive en accusant le régime syrien d’avoir bombardé des zones civiles, exacerbant ainsi la situation humanitaire.
Le rôle ambigu des puissances régionales en Syrie
Ce regain de violence met en exergue les tensions entre les acteurs internationaux impliqués dans le conflit syrien. La Turquie, qui soutient certains groupes rebelles, joue un rôle ambigu dans cette région frontalière. Moscou, principal allié du régime de Bachar Al-Assad, a condamné l’offensive djihadiste, appelant Damas à « rétablir l’ordre constitutionnel ». Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a qualifié ces attaques d’atteinte à la souveraineté syrienne.
La trêve fragile instaurée en mars 2020, sous le parrainage de la Russie et de la Turquie, semble désormais voler en éclats. Cette pause relative avait permis à la région de se relever timidement après une décennie de guerre civile ayant causé plus de 500 000 morts et des millions de déplacés. Alors que les civils paient encore une fois le prix de ces affrontements, les espoirs d’une paix durable s’éloignent.
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