Immigration
« La CGT s’adapte à la xénophobie d’État » : tensions à gauche sur la question des OQTF
La CGT appelle à lever les OQTF pour les travailleurs sans-papiers sans infraction majeure, une position qui divise l’extrême gauche.
Dans un contexte politique tendu, la CGT a publié un tract ce 11 décembre appelant à mobiliser pour les droits des travailleurs sans-papiers. Parmi ses revendications : la levée des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) pour les travailleurs sans-papiers, mais uniquement pour ceux n’ayant pas commis d’« infractions majeures ». Cette position a déclenché une vive critique au sein de l’extrême gauche, notamment de la part de Révolution permanente, qui accuse le syndicat de Sophie Binet de s’aligner sur une rhétorique « criminalisante ».
Une position de compromis sur la question des OQTF
Dans son communiqué, la CGT dénonce fermement les politiques migratoires du gouvernement, qualifiées de « discriminatoires et xénophobes », et appelle à la mobilisation les 14 et 18 décembre à l’occasion de la journée internationale des migrants. Elle propose plusieurs mesures, dont la régularisation des travailleurs sans-papiers et l’octroi de titres de séjour pérennes. Toutefois, en conditionnant la levée des OQTF à l’absence d’infractions majeures, le syndicat s’expose aux critiques de son propre camp.
Révolution permanente, mouvement d’extrême gauche, accuse la CGT de valider implicitement une distinction entre « bons » et « mauvais » migrants. Selon son communiqué, cette position reviendrait à légitimer les politiques sécuritaires de l’État en renforçant l’idée que certains migrants mériteraient moins d’être protégés en fonction de leur passé judiciaire.
Une fracture à gauche sur la politique migratoire et les OQTF
Cette querelle illustre les tensions croissantes au sein de la gauche, fracturée sur la question migratoire. Révolution permanente prône la régularisation de « tous et toutes sans condition », la suppression de toutes les OQTF et une liberté totale de circulation et d’installation. À l’opposé, la CGT, tout en dénonçant le « racisme d’État », semble chercher un compromis dans un paysage politique marqué par la montée de la droite et de l’extrême droite.
Ce débat intervient alors que Bruno Retailleau, ancien ministre de l’Intérieur, préparait une nouvelle loi immigration plus restrictive. Le projet inclut un renforcement des expulsions, des OQTF, et un contrôle accru des travailleurs étrangers. Ces mesures, largement dénoncées par les syndicats et associations de défense des droits des migrants, illustrent la pression politique croissante sur le terrain migratoire.
Une rhétorique ancrée dans un contexte sécuritaire
La CGT, traditionnellement à l’avant-garde des luttes pour les travailleurs, se retrouve ici accusée d’un double discours. Si elle critique les politiques migratoires discriminatoires, son positionnement sur les OQTF est perçu comme un signe d’adaptation à la rhétorique ambiante. Ce discours, qui conditionne la régularisation à l’absence de casier judiciaire chargé, rappelle les débats sur la « double peine », abolie en 2003 mais régulièrement évoquée par des voix à droite pour les cas de migrants ayant commis des infractions.
Cette stratégie pourrait répondre à une volonté de pragmatisme, mais elle expose la CGT à des attaques internes. Révolution permanente parle de « capitulation grave » face à une « xénophobie d’État ». Ces tensions reflètent une division plus large sur la manière de répondre aux politiques migratoires actuelles.
La gauche face à ses contradictions
Si cette querelle entre la CGT et Révolution permanente peut sembler anecdotique, elle met en lumière les défis auxquels la gauche est confrontée pour construire une position cohérente sur l’immigration. Alors que le gouvernement pousse pour une ligne dure, ces désaccords internes affaiblissent la capacité de la gauche à présenter une alternative crédible.
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